Obstacles a un bon raisonnement moral
Notre but dans ce cours est de vous donner les capacités permettant d’identifier les croyances vraies, et de les distinguer des croyances fausses. La plupart des croyances que l’on teste et adopte ou rejette sont morales. Les croyances sur si une situation est bonne ou mauvaise, bien ou mal. On a vu plus tôt dans le cours que les pensées critiques et logiques rencontrent les mêmes obstacles. Une tendance à préférer les éléments qui confirment des vues préexistantes, être influencé par la manière dont un problème est posé - ce genre de choses. Est-ce qu’un bonne pensée morale rencontre aussi ce genre de problèmes ? Tim Dare pose la question à son collègue, l’éthicien Dr. Glen Pettigrove.
Pour en savoir davantage sur les études discutées par Glen, voir :
- Eric Schwitzgebel and Fiery Cushman, ‘Expertise in Moral Reasoning? Order Effects on Moral Judgment in Professional Philosophers and Non-Philosophers,’ Mind and Language 27 (2012): 135-153. http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/j.1468-0017.2012.01438.x/abstract
- Simone Schnall, Jonathan Haidt, Gerald Clore, Alexander Jordan, ‘Disgust as Embodied Moral Judgment,’ Personality and Social Psychology Bulletin 34 (2008): 1096-1109. http://psp.sagepub.com/content/34/8/1096.short
- Robert Baron, ‘The Sweet Smell of … Helping: Effects of Pleasant Ambient Fragrance on Prosocial Behavior in Shopping Malls,’ Personality and Social Psychology Bulletin 23 (1997): 498-503. http://psp.sagepub.com/content/23/5/498.abstract
transcript
(idem à partie précédente)
- Donc Glen, est-ce que la pensée morale est influencée par les mêmes obstacles que la bonne pensée logique et critique ?
- Les recherches suggèrent que oui. Par exemple, l’effet de formulation (framing effect). Si l’on prend un conducteur qui aurait trop bu, et conduit tout de même, s’endort au volant, et fonce dans un arbre, ou sendoirt et fonce sur un enfant, e que l’on prend ces deux cas et les présente au lecteur, puis leur demande de juger à quel point le conducteur est blâmable dans les deux cas, leur jugement concernant le conducteur est plus dur selon l’ordre dans lequel les cas lui sont présentés. Les personnes à qui l’on demande de juger le cas alors qu’ils ont lu en premier le cas de l’arbre jugent le conducteur de manière de façon plus dure s’ils ont lu le cas de l’arbre après celui de l’enfant.
- Donc, ce serait un effet de formulation parce que leur jugement sur le cas de l’arbre serait influencé s’ils ont été préparés en voyant d’abord le cas de l’enfant.
- C’est cela. On a aussi quelque chose qui ressemble à un biais de confirmation dans les cas moraux : les gens tendent à rechercher des arguments qui confirment leur opinion davantage qu’ils ne vont en chercher qui s’y opposent. Et plus proches ces arguments seront d’une croyance à laquelle ils tiennent, ou plus cette croyance sera connectée à leur identité comme membre d’un groupe, par exemple d’un parti politique, plus ils seront mauvais dans l’évaluation de cet argument. Lorsque l’on demande d’évaluer la force d’arguments indépendamment d’il y a une chance que cela change leur opinion ou non, ils tendent à être plus impressionné par des arguments faibles en la faveur de leur position que par des arguments forts contre leur position.
- Donc de quoi s’agit-il ? Un effet de formulation, ou quelque chose de plus large ?
- Cela pourrait être qu’ils ne peuvent imaginer abandonner une croyance particulière. Il se pourraient qu’ils soient persuadé que c’est vrai/bon (right). Et donc, ils n’ont pas besoin d’arguments de l’autre bord. Ils ont déjà résolu le problème.
- Donc il s’agit d’effet de formulation et de biais de confirmation. Y’a-t-il une autre influence identifiée ?
- Eh bien, l’effet de formulation et le biais de confirmation sont toutes des versions de l’influence rationnelle. Ce sont des heuristiques qui permettent aux personnes de prendre des raccourcis lorsqu’ils traitent des données complexes. Et cela nous permet souvent de faire des jugement plutôt justes sur des cas. Mais il y a aussi des influences non-rationnelles sur nos jugements moraux. Les choses comme l’odorat ont une influence. Prenez une pièce, instillez-y une mauvaise odeur, et demandez aux gens de lire des cas et de juger de l’aspect bon ou mauvais (rightness or wrongness) des actions. Les gens tendrons à être bien plus durs que s’ils sont dans une pièce qui sent bon ou propre.
- Alors que se passe-t-il ici ? L’odeur les met de bonne ou de mauvaise humeur, et cela serait la raison de cette perspective ?
- C’est peut-être le cas. Ou peut-être y-a-t-il une connexion plus profonde concernant la sécurité perçu de l’environnement. Une bonne odeur a aussi une influence. Prenez un groupe d’individus dans un centre commercial étasunien. Approchez-les et demandez-leur du change sur un dollar. S’ils sont approchés devant un magasin de vêtement, alors 22% des hommes et 17% des hommes seront d’accord pour donner de la monnaie (? make change). Si par contre, vous rencontrez ces individus dans un endroit différent, devant une boulangerie, avec l’odeur de brioches à la cannelle (cinnamon buns) qui leur chatouille les narines, alors 45% des hommes et 61% des femmes seront d’accord pour donner le change. Donc l’odeur agréable influence leur bon-vouloir à aider quelqu’un d’autre.
- Y’a-t-il une raison de penser qu’ils raisonnent tout court ?
- Ils pourraient raisonner dans la mesure ou ils pensent que c’est un contexte ou de l’aide est demandé, et que ça vaut le coup d’aider dans cette situation.
- Très bien, donc nous avons tous ces problèmes. Est-ce qu’on peut y faire quelque chose ? _ Eh bien, il y a des limites sur la mesure dans laquelle ont peut affecter les influences de la situation, ou de l’effet de formulation ou du biais de confirmation, sur notre raisonnement. Les connaître aide. Simplement savoir qu’ils existe peut nous permettre de remarquer ce qui se passe dans ce cas, et ainsi à prendre du recul à réévaluer la situation. Mais dans la pupart de ces cas, on tend à faire au mieu si l’on peut rassembler un groupe d’individus ayant des perspectives diverses, qui peuvent contrebalancer les influences de la formulation, ou d’autres formes de ces contextes psychologiques profonds (some of these more deep seated psychological contexts).
- Merci beaucoup Glen.
note : on aurait bien aimé en savoir plus sur le coup de la boulangerie : est-ce qu’on est pas supposé avoir de la monnaie si on va à la boulangerie, et bien moins au sortir d’un magasin de vêtement ? Y’a-t-il eu une situation de contrôle ? (un magasin de vêtement qui sent la cannelle, une boulangerie qui sent les vêtements ?)