Hans le malin : donner des signaux et l’effet d’observateur
- donner des signaux : cueing
- effet d’observateur : observer effect
Wilhelm Von Osten, un professeur de mathématique allemand de lycée, pensait que l’intelligence et la capacité de raisonnement des animaux étaient énormément sous-estimées.
Étant homme de science, il testa son hypothèse en enseignant les mathématiques à un cheval appelé Hans. Hans montra vite de réelles aptitudes; bientôt il pu lire un nombre écrit sur un tableau et taper avec une patte le nombre de fois correct.
Von Osten passa de lire et compter à de l’arithmétique de base, et a nouveau Hans maitrisa les nouvelles tâches, apprenant comment répondre correctement à différents problèmes mathématiques incluant des racines carrées basiques et des fractions. Dès 1891, Von Osten fit le tour de l’Allemagne, montrant les talents de Hans devant de larges foules.
Maintenant capables de poser oralement des questions à Hans, Van Osten en posait comme “Si le premier jour du mois est un vendredi, quelle est la date du lundi suivant ?” Hans tapaît alors 6 fois du pied. “Quelle est la racine carrée de 16 ?” Quatre fois.
Von Osten montra alors que Hans pouvait répondre à des questions simples en allemand, ayant appris à taper une fois pour A, deux fois pour B, et ainsi de suite, et qu’il pouvait aussi indiquer l’heure ainsi. Malgré des erreurs occasionnelles, le cheval avait bon 90% du temps : d’une certaine manière, il avait les capacités en mathématiques d’un enfant de 14 ans.
Lorsque des doutes furent émis, Von Osten accepta joyeusement que le Conseil de l’éducation de Berlin conduise une enquête indépendantes. En 1904, après des tests extensifs, la commission Hans - qui avait inclus deux zoologues, une psychologue, un entraîneur de cheval, plusieurs professeurs d’école et un gestionnaire de cirque - conclue qu’aucun truc n’était impliqué. Pour autant qu’ils sachent, le talent du cheval était réel.
La commission passa alors le relai à un jeune psychologue, Oskar Pfungst. Pfungst conçu alors un ensemble d’expérimentation et commença à tester Hans.
Il nota rapidement que Hans réussissait bien lorsque questionné dans des conditions normales. Mais la précision du cheval diminuait lorsque le questionneurs se tenait plus loin que normalement. Et si le questionneur ne connaissait pas la réponse à la question ou qu’elle lui était dissimulée, la précision de Hans tombait à zéro. Pfungst formula l’hypothèse que l’intelligence de Hans venait de sa capacité à avoir une vue claire et non-obstruée d’une personne qui connaissait la bonne réponse.
Avec cela à l’esprit, Pfungst commencça à observer les questionneurs, et remarqua qu’alors que Hans tapait du pied en réponse à une question, leur respiration, posture et expression montraient de subtiles signes du tension grandissante, laquelle disparaissait lorsque Hans faisait le ‘tapage’ correct. Innocemment et sans réaliser qu’ils faisaient cela, les questionneurs donnaient des signaux à Hans sur quand arrêter de taper.
Découverte des signaux inconscients
Pfungst avait découvert les ’signaux inconscients, l’influence des signaux subtils et non-intentionnels des chercheurs sur leur sujet, et reconnus comme largement étendus dans la recherche impliquant des sujets humains tout comme d’autres animaux.
Les signaux inconscients introduisent une forme de biais pendant l’expérimentation, amenant les sujets à donner des réponses qui semblent justes aux chercheurs. Les essais en aveugles et en double aveugle sont une réponse. Dans un essai en aveugle d’un nouveau médicament, par exemple, un groupe de participants reçoit le médicament tandis que le second reçoit un placebo.
Les participants ne savent pas dans quelles groupes ils se trouvent. Mais le docteur administrant le médicament peut toujours donner des signaux subtils, inconscients, de quel médicament le patient se voit administrer : peut-être qu’il vérifie la réaction des participants un peu plus dans le groupe actif, ou plus prêts à attribuer une réaction de participants du groupe inactif à autre chose qu’au médicament.
Les expériences en double-aveugle - dans lesquelles ni les participants ni les chercheurs ne savent dans quel groupe un participant est - gardent aussi le chercheur dans l’inconnu, l’empêchant d’envoyer des signaux inconscients.