|<- [[The validity and strength of arguments]]|[[Deciding whether arguments succeed logically]] ->| ====== Le principe de charité ====== Pour faire simple, le principe de charité vous dit de traiter les autres comme des personnes intelligentes. Si vous les traiter comme intelligentes, vous ferez un meilleur travail en évaluant leur arguments. Pour illustrer le principe de charité, supposons que l’on vous donne cet argument : > Alex : “L’espèce humaine a réussi à envoyer quelqu’un sur Mars et casser des atomes, donc, on devrait être capable de faire des choses plus simples, comme redistribuer les ressources alimentaires mondial de manière à ce que les plus pauvres en ait suffisamment” Voici une interprétation non charitable de l’argument : > La première prémisse est fausse, on a envoyé personne sur Mars. La première prémisse étant fausse, l’argument ne peut être sain ou correct ou convaincant. Donc c’st un mauvais argument, game over. Ça n’est pas charitable pour Alex, car tout le mond sais que la race humaine à envoyé quelqu’un se poser, pas sur Mars mais sur la lune. Alex le sait certainement, et doit avoir fait une erreur. Plutôt que de prendre l’argument comme s’il parlait de Mars, faites une interprétation charitable dans laquelle vous faites une simple correction. Et avec cette lecture charitable, l’argument peut paraître sain ou correct : > “L’espèce humaine a réussi à envoyer quelqu’un sur la lune et casser des atomes, donc, on devrait être capable de faire des choses plus simples, comme redistribuer les ressources alimentaires mondial de manière à ce que les plus pauvres en ait suffisamment” Le principe de charité est important lorsque des informations manquent dans l’argument. Supposons que l’on vous demande d’évaluer cet argument : > Quinn mange régulièrement au McDonald, donc Quinn s’en fiche de l’environnement. Il y a clairement une prémisse supprimée ici. Et cette prémisse lierait l’habitude qu’a Quinn de manger au McDonald et s’en foutre de l’environnement. Dans un cas comme celui-ci ou vous avez un choix, comment décidez-vous de la prémisse à ajouter ? Vous devriez : - Utiliser tout indice que vous pouvez avoir sur les intentions de l'émetteur concernant les prémisses, la conclusion et le contexte. - Appliquer le principe de charité : Lorsque vous faites face à un argument ayant des parties manquantes, vous devez le reconstruire de la manière la plus charitable possible. Si vous pouvez l’éviter, vous ne devriez pas ajouter des prémisses visiblement fausses - vous devriez ajouter les prémisses les plus plausibles qui rempliraient le rôle (de celles manquantes). Et vous devriez ajouter des prémisses qui aident à lier les prémisses données à la conclusion de manière logique. Pour en revenir à Quinn, voici une candidate pour la prémisse supprimée : > P1 : Quinn mange rgulièrement au MacDonald > P2 : [toute personne qui mange régulièrement au McDonald s’en fiche de l’environnement.] > Donc Quinn s’en fiche de l’environnement Avec cette prémisse l’argument est valide, mais il ne parait pas sain ou correct. Il peut très bien y avoir certaines personnes qui font très attention à l’environnement, et ont une faiblesse pour McDonald. Peut-être ont-il une voiture électrique, et recyclent autant qu’ils peuvent, etc. Il se peut que des personnes fasse attention à l’environnement, mais s’autorise à aller au McDonald de temps à autre. Suivant les instructions plus haut, on devrait éviter les fausses prémisses, si on le peut. Voici une option plus charitable : > P1 : Quinne mange régulièrement au McDonald > P2 : [La plupart des personnes qui mangent régulièrement au McDonald s’en fichent de l’environnement.] > Donc, //probablement// > C : Quinn s’en fiche de l’environnement. Tout d’abord, j’ai fait le choix de traiter l’argument comme inductif. Bien qu’il n’y ai pas tant d’information que ça sur le fait que l’argument soit déductif ou inductif, il paraît plus charitable de le prendre comme un argument qui tente de donner de fortes raison de penser que sa conclusion est vraie, mais pas définitive. Traiter un argument comme inductif nous permet aussi d’utiliser une prémisse supprimée bien moins ambitieuse. Plutôt que de parler de tout le monde, on parle d’une majorité, rendant explicite que nous connaissons certaines personnes qui peuvent faire attention à l’environnement et manger au McDonald, comme considéré plus haut. En outre, cette prémisse supprimée a de meilleures chances d’être vraie, attestant de notre tentative de choisir une prémisse supprimée qui supporte la conclusion sans être clairement fausse. Maintenant que nous avons opéré une reconstruction charitable de l’argument, qu’en pensez-vous ? Cela semble-t-il sain ou correct ? Je vous laisse décider. Ce qui se passe avec cette prémisse supprimée , c’est que vous allez avoir besoin de meilleurs justifications pour votre jugement. Si vous y parvenez, vous aurez fait un bon travail montrant que cela était un mauvaise argument, car vous aurez appliqué les principes de charité en essayant de trouver quelle était la partie manquante. Voici un autre exemple, cette fois avec une conclusion supprimée : > Il y a des tas de cas connus de discrimination contre des universitaires gay qui le revendiquent dans leur environnement de travail. Pensez-vous vraiment qu’il soit très sûr de le revendiquer ? Quelle est la conclusion ? Ici, cela est formulé comme une question réthorique. Nous avons donc besoin de le reformuler dans la forme standard. Nous avons à nouveau plusieurs options. EN voici une : > P1 : Il y a des cas connus de discrimination envers des universitaires gays qui le revendique dans leur environnement de travail. > Donc C : Il n’est pas sûr pour les universitaires gays de le revendiquer au sein de leur environnement de travail. Ici, nous avons traité l’argument comme inductif, et nous avons donné une conclusion moins ambitieuse, mais cela semble coller avec ce qui était recherché dans l’argument original. L’argument peut toujours être un mauvais argument, et à nouveau cela vous permet de vous faire votre propre avis, mais en étant charitable, nous avons reformuler une conclusion de manière à lui donner de meilleures chances, et c’est notre travail en tant qu’esprits critiques. Notez que le principe de charité à des implications que l’on traite des arguments qu’ils soient déductifs ou inductifs. En règle générale, le principe de charité vous dit de traiter des arguments comme étant inductifs, sauf si l’intention de l’argument est clairement déductive. En fait, la plupart des personnes ne connaissent pas la distinction entre arguments déductifs et inductifs, et vous leur donnerez de meilleurs chances en les traitant de manière non-déductive. Peut-être qu’ils ne peuvent prouver leur revendications au-delà du doute raisonnable, cependant, ils ont peut-être des raisons qui fournissent un support fort. Maintenant que vous connaissez la distinction, soyez charitables et prenez les arguments pour inductifs lorsque cela avantage leur émétteur. Vous aurez plus de mal à montrer que leur argument est mauvais, mais vous ferez du meilleur travail ! ===== Pourquoi être aussi gentil ? ===== Il y a des limite sà tout cela, bien sûr. Vous ne voulez pas prendre un imbécile pour Einstein. Il y a donc une limite à ce que vous êtes préparé à mettre dans leurs arguments. Vous essayer de trouver ce que leur argument est, pas la meilleure position possible pour ce qu’ils essaient de vous montrer. Toutefois, il existe d’autres raisons d’être charitable. Par exemple, si vous croyez effectivement à la conclusion de l’argument, vous voulez produire un bon argument pour cela. Si vous aimez l’argument, vous bénéficierez qu’il ait une interprétation qui lui donne force. Mais plus important - surtout si vous ne pensez pas que la conclusion est vrai - vous feriez mieux de vous attaquer à une version plus forte de l’argument. Si vous êtes dans un débat avec quelqu’un et que vous attaquez une version qui n’est pas aussi forte qu’elle pourrait être, la personne pourra sain ou correct dire “ce n’est pas ce que je dis, vous n’attaquez pas mes arguments, vous les caricaturez.” Et vous n’irez nul part. Cela est d’ailleurs relié à ce que l’on appelle le paralogisme de l’homme de paille, qui consiste à distordre ou mal interpréter le propos adverse de manière à pouvoir s’y attaquer plus facilement. Il y a un message positif du paralogisme de l’homme de paille. Et c’est sain ou correct une note que, ce qui est négatif avec la stratégie de l’homme de paille, de notre point de vue, est que cela n’est pas propice à l’émergence de la vérité. Cela ne nous rapproche pas de la vérité, ca cela n’amène qu’à réfuter un argument que personne ne prend très au sérieux. Si vous pouvez montrer que la meilleure version de l’argument de votre opposant est fausse, alors vous faites quelques progrès. Assez souvent, ce que l’on voit dans un bon argument est un opposant qui améliore la position qu’il ou elle attaque. //So you see things which say: so and so gives the following arguments for their position//. Il y a des problèmes évident avec ça. Mais je voit des moyens d’arranger cela qu’ils n’ont pas vu. Et je vais corrigr leurs arguments pour eux. Je suppose aussi qu’ils auraient fait ces corrections, comme ils sont intelligents. Parfois bien sûr, ils ne le font pas. Et une fois que vous avez leur agument dans sa meilleur forme, en gardant à l’esprit que vous essayez d’évaluer leur argument, pas le votre, vous pouvez dire que même une fois charitablement corrigé, l’argument est défectueux pour les raisons suivantes. Alors vous avez vraiment montré quelque chose, ici que la meilleure version de l’argument ne fonctionne pas. Montrer qu’une version //hopeless// est mauvaise, une version qui n’est même pas aussi bonne que celle qu’avancée, ne mène à rien. Étant donné que nous cherchons la vérité au-delà de la victoire, alors l’on doit être charitable.